L’histoire de Siberia commence par un message de l’association WOF. Une chienne avait été adoptée de Roumanie et se trouvait à la frontière Belge. Elle avait été adoptée par un couple, mais il y avait des soucis avec elle, elle se serait bloquée la mâchoire sous un meuble, qui a nécessité une lourde opération et ils avaient du mal à la gérer. Ils voulaient s’en séparer. L’association me connaissait car j’avais déjà adopté Roxanne dont je vous parlerai prochainement et ils savaient que je m’occupe de cas particuliers.
J’ai accepté de me rendre sur place pour voir la situation et éventuellement prendre Siberia avec moi pour de bon. Elle avait été adoptée petite, vers l’âge de 4 ou 5 mois. Il faut savoir que c’est une double merle, une tare qui est interdite. Dans le cas de Siberia, elle est sourde totalement et presque aveugle. Le gène double merle est présent chez certains croisements.
Le gène double merle de Siberia
L’Atelier EK.O explique cela en détail, je me permet de vous proposer l’article :
Que sait on?
Lors de la reproduction de 2 chiens de robe merle, il y a risque de double merle, c’est une combinaison de reproduction interdite depuis 2017 en France.
Les chiens double merle ont une caractéristique physique externe commune, ils sont blanc dominant, c’est à dire que le blanc est la couleur dominante de la robe. Aussi ils ont souvent les yeux très clairs ce qui attire les publics non avertis en quête de chien avec de beaux yeux.
Qu’observe t-on?
Oklane en est un exemple type, lors de nos balades tout le monde s’arrête sur ses yeux sur sa couleur, j’en profite toujours pour faire un peu de prévention et expliquer le caractère anomal de sa robe et les risques associés. Néanmoins beaucoup de personnes restent très intéressées par ces caractéristiques physiques malgré les risques.
La complexité du merle caché
Savez vous que les chiens tricolores peuvent être porteur du merle caché? (Appelé aussi merle cryptique ou merle fantôme) Cela signifie que, dans leur génétique il peut y avoir du merle (qui ne s’exprime pas sur sa robe) mais qui se transmettra génétiquement aux générations futures en cas de reproduction avec un chien merle. La proportion de chiots double merle sera moins importante qu’avec 2 chiens merles mais le risque est présent et l’on se retrouve à avoir quelque chiot sur cette portée qui seront blanc dominant et donc probablement porteur de cette génétique et du handicap.
Ces chiots double merle sont très souvent sourd de naissance et développent des problèmes oculaires jusqu’à la cécité (perte de la vue) rapidement.
Cela concerne toutes les races ayant du merle ou du arlequin, le travail préventif est donc très large.
Comment en venir à bout?
Cela cessera lorsque le test merle sera obligatoire avant toute reproduction avec un autre chien merle, si simple mais apparemment tellement compliqué à mettre en place.
On pourrait ainsi avoir une visibilité sur le patrimoine génétique de chaque chien et éviter les incidents de reproduction.
Il faudra aussi que cette réglementation soit appliquée dans tous les pays et là c’est encore un autre soucis.
Si vous regardez attentivement ses yeux sur la photo, vous verrez qu’ils ne sont pas normaux du tout. Un seul espoir, c’est que ce genre de chien arrête d’être reproduit.
L’accident de Siberia
Lors de ma visite chez la famille qui avait adopté Siberia, j’ai vu l’état de sa mâchoire. On voit de suite qu’elle a été mal refaite, et quand on palpe le bas de celle-ci, on sent une boule. Après avoir montré les radios à mon vétérinaire, son point de vue était bien différent : Pour avoir une mâchoire dans cet état, elle doit avoir eu un choc violent comme un accident de voiture. De plus, vu que la reconstruction n’a pas été parfaite, elle aura besoin d’une autre opération quand elle sera totalement adulte (elle vient juste d’avoir 1 an).
Une deuxième chose étrange était l’excitation de Siberia lors de ma visite. Loin de moi l’idée de juger cette famille, mais j’ai tellement vu et entendu des choses, qu’on doute forcément de ce qu’on vous raconte. Cette excitation n’était pas normale, on dirait qu’elle venait pour la première fois dans le living de la maison, sautait dans tous les sens, elle était contente. Je devais la prendre, je savais qu’il ne fallait pas la laisser, et j’ai donc décidé de ramener Siberia à la maison.
Vivre avec Siberia
Imaginez vivre dans un monde où vous ne connaissez rien, n’entendez rien et ne voyez que des ombres. C’est ainsi que Siberia est arrivée à la maison. Je savais que ce ne serait pas simple. Elle a tout de suite été acceptée par la meute, mais elle était en soif de liberté et avait un besoin énorme de se défouler.
Siberia n’a pas non plus la notion de l’espace autour d’elle, du moins au début. On pouvait la retrouver sur une table, coincée derrière le divan, sur mon bureau entrain d’essayer de comprendre c’était quoi cet ordinateur. Alors, je l’ai stimulée au maximum, je lui ai fait découvrir les voyages en voiture, je l’ai lâchée dans des grands espaces vert sécurisés, elle avait besoin de sentir et de contact.
Et au fil des semaines, Siberia a commencé à se poser. Elle avait appris le fonctionnement de la maison, a trouvé ses coins pour dormir, et elle avait de la présence quasi constante auprès d’elle. Il faut dire qu’elle est très tactile et recherche ce contact physique. D’ailleurs, son apprentissage s’est fait de la sorte : Les ordres, elle les reçoit en touchant certaines parties de son corps ou en faisant certains mouvement à sa tête.
Actuellement, Siberia vit heureuse, elle est en pleine santé et elle a trouvé un rythme qui lui convient. Elle est devenue calme, avec ses moments où elle adore courir, elle mange bien, joue avec les autres chiens et elle a du caractère, elle ne se laisse pas faire ! Gentille, sans aucune méchanceté, elle s’arrange toujours pour être non loin de moi. Quand on l’observe bien, on peut voir son nez en action constante, elle se repère très facilement, on en oublie parfois son handicape.
Siberia est bien évidemment stérilisée, comme toutes mes femelles et continue de vivre à la maison pour le restant de sa vie.